Depuis le début de la crise sanitaire, les experts dictent la conduite du pays allant jusqu’à user de leur voix menaçante lorsque les citoyens rechignent à suivre leur sermon. Un problème majeur ne peut plus être passé sous silence : personne n’a jamais voté pour Marc Van Ranst ou Emmanuel André. Si ceux-ci veulent continuer à exercer une influence dans le cours des événements, il leur reste une solution : entrer en politique. Et au monde politique, nous ne saurions que conseiller de reprendre la main.
Dans des situations exceptionnelles, le recours à des experts ayant une compétence et des connaissances est une pratique normale. La gestion de la pandémie a pris le monde politique au dépourvu et il fallut en maîtriser la propagation. Les spécialistes en question ont rapidement outrepassé leur rôle et se sont permis de distiller leur point de vue ou leurs préférences au-delà de leur champ de compétence.
Marc Van Ranst, connu pour ses convictions très à gauche du spectre politique, n’a jamais manqué de ferrailler sur les réseaux sociaux avec des sympathisants du Vlaams Belang. Emmanuel André a récemment bloqué le président d’un parti francophone pour divergence d’opinions. Et si l’un et l’autre revenaient humblement à leur place ?
Ils ne sont pas les seuls à abuser de leur position dominante : à peine la Wallonie se trouvait-elle sous eau, au mitan du mois de juillet, que Jean-Pascal van Ypersele réapparut, comme par enchantement, sur le devant de la scène pour se gargariser d’avoir tout prévu et suffisamment prévenu. Les inondations étaient alors forcément une conséquence du réchauffement climatique et personne, parmi les journalistes béats, n’osa lui objecter qu’un peu de recul au moins aurait été nécessaire. Ou simplement lui rappeler qu’il n’y avait pas encore de réchauffement climatique anthropique en 1910 lors de la crue centennale de la Seine ou en 1953 lors du raz-de-marée aux Pays-Bas.
Le remplacement, dans le processus décisionnel, du pouvoir politique par celui des experts, est un recul démocratique. L’influence démesurée des spécialistes n’est pourtant pas neuve et tend même à s’accroître à mesure que les peuples indociles se détournent des formations traditionnelles. Ce type de technocratisme, gouvernant au nom d’un hypothétique cercle de la raison, est déjà à peu près en vigueur à l’échelle européenne – il suffit de voir comment fonctionne la Commission européenne – ou l’Italie avec Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne devenu Président du Conseil des Ministres.
Une démocratie n’est en aucun cas le pouvoir des experts : il est temps que la voix des peuples redevienne prédominante. Le temps est à l’inquiétude pourtant : après la publication du dernier rapport du GIEC, certains estiment devoir gérer l’urgence climatique de la même manière que la crise sanitaire, avec le recul des libertés que cela entraîne.